Ungurn - Le baron fou Auteur :
Jean Mabire Était-il réellement fou, ce baron von Ungern-Sternberg, petit hobereau balte devenu capitaine de l'armée impériale, que la Révolution russe révéla au monde étonné ? Etait-il fou, au moment où se brisaient les armées et les empires, de se proclamer général et de se tailler un royaume au coeur de l'immense Asie ? Était-il fou surtout de vouloir reprendre la longue marche de Gengis khan vers l'Occident ?
Ungern n'avait même pas trente ans à la déclaration de guerre. L'âge des désirs et des conquêtes, l'âge d'Alexandre et de Napoléon. Dans un monde en pleine décomposition, il crut qu'un homme solitaire pouvait encore défier le destin du monde.
Cet héritier des chevaliers teutoniques fut le dernier chef blanc, sur les confins de la Sibérie et de la Mongolie, à se révolter contre le pouvoir des Soviets, sous le soleil rouge de l'été 1920. Il passa la frontière, se jeta sur Ourga et fit de la capitale mongole le centre de son royaume de rêve et de sang. Il restaura l'autorité de l'empereur divin, troisième dignitaire thibétain de la Foi jaune, et sembla même se convertir au bouddhisme.
En réalité, il gardait toujours, au secret de son âme, la foi invaincue des vieux guerriers païens de la mer Baltique.
Quand l'armée soviétique marcha sur Ourga, à l'appel des révolutionnaires mongols, le baron se mit en route vers le Nord, pour mener, à un contre dix, la guerre des partisans sur les arrières des lignes rouges. Livré par trahison, il devait être fusillé en septembre 1921, sans rien renier de lui-même.
Après sa mort, les Mongols racontèrent longtemps la légende du cavalier blanc qui les avaient menés au combat et qui fut pour eux « le dieu réincarné de la guerre ».
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