La livre de chair Auteur :
Hans Habe L'homme dont le coeur est trop paresseux pour s'opposer à la fatalité du malheur, à l'indifférence du monde, dire non à la barbarie, peut-il être considéré comme coupable, lui aussi, comme complice ?
C'est le problème central du nouveau roman de Hans Habe. Ce roman se déroule entre le 6 et le 15 juillet 1938 : les neuf jours d'une conférence internationale, qui s'est réellement déroulée à Évian-les-Bains, sur les bords du lac Léman. Trente-deux nations prenaient part à cette conférence, que le président des États-Unis, Franklin Roosevelt, avait réunie au dernier moment. Il s'agissait de sauver ceux que le régime nazi persécutait, les Juifs surtout. Peut-être n'était-il pas encore trop tard; il suffisait de leur ouvrir les frontières, pour en sauver des millions.
Mais un hôte imprévu fait son apparition, un convive auquel on ne s'attendait pas, un convive gênant, indésirable comme la consience; le professeur Heinrich von Benda. Sa mission est concrète. Ce chirurgien mondialement connu, un Juif viennois, a été envoyé en mission secrète à Évian, par le représentant de Hitler à Vienne. Il doit annoncer à la Conférence que l'Allemagne est prête à vendre ses Juifs, sous certaines conditions. Le prix : deux cent cinquante dollars par tête.
Sous la plume de Hans Habe, ce « romancier né » - ainsi le nommait Thoman Mann - ce récit devient un drame qui touche chacun de nous, le pousse dans ses derniers retranchements. Ce n'est pas le simple compte rendu d'un événement historique, c'est la tragédie d'un vieil homme solitaire, qui doit se battre contre l'immence machine de la politique et de la diplomatie.
Se battre contre les autres, mais contre lui-même aussi : chacun est là pour lui prouver que sa mission est mauvaise, diabolique, qu'elle est le fait »d'un fou et d'un solitaire ». Est-il lui-même un négrier, parce qu'il propose ses frères au monde, à deux cent cinquante dollars pièce, alors qu'il sait que c'est l'unique solution, le- seul moyen de les sauver ? Alors qu'il doit sans cesse lutter contre ses propres doutes, son coeur malade, son désir de se sauver lui-même, de sauver sa famille. Est-il Shylock ou Moïse ? Tous les raisonnements, toutes les dialectiques sont bonnes aux puissances de ce monde - qu'elles soient temporelles, comme les trente-deux nations, ou spirituelles, comme le Vatican - pour réduire au silence ce vieil homme désespéré qui croyait naïvement que le monde allait sacrifier quelques millions de dollars et quelques centaines de kilomètres carrés pour sauver des hommes de la mort.
Non disponible > Plus d'information... 17297 Presses la Cité Roman Non disponible Non disponible 1969 500 gr
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